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JE SUIS COMME JE SUIS
7 septembre 2012

Nous sommes tous des écrivains ?

colette

C'est drôle l'écriture. Ce n'est pas toujours une envie, mais toujours un besoin. Poser toujours et encore des mots sur le papier. Loin de moi l'idée de me prendre pour un écrivain, je n'en ai ni le talent hélas ni la faculté de raconter des histoires, mais juste parfois l'envie. Encore que... certains écrivains n'ont parfois rien à dire et l'expriment pourtant !

Nous sommes tous des écrivains en puissance. Nous avons tous des histoires à raconter. Nous avons tous des souvenirs, des moments que nous pouvons faire partager. Nous avons tous vécu quelque chose, quelque chose qui ne nous quitte pas, qui reste là et ne demande qu'à s'exprimer. Mais comment le dire ? Comment exprimer toute cette vie là, tous ces souvenirs ?

Cela intéresserait quelqu'un si je racontais par exemple :

Anne ça a commencé d’une drôle de façon. Cette fille là elle la voyait depuis un moment, elle travaillait dans un autre service de son entreprise. Mais elles ne s’étaient jamais parlé. Elles se regardaient parfois, sans rien dire. Frédérique la trouvait jolie, étrange, différente, mais elle ne lui parlait pas. Enfin pas spécialement, ça restait toujours dans le cadre du travail. Et puis un jour, je ne me souviens plus vraiment pourquoi ni comment c’est arrivé, Anne m’a parlé en sortant du travail et m’a dit qu’elle n’habitait pas très loin de là. « ça serait sympa que tu viennes diner à la maison un soir ? ». Et moi « mais oui bien sûr avec plaisir, demain si tu veux ? » Mais non rien n’est si évident, rien n’est écrit, et il en a fallu des rendez-vous et des diners avant que j’accepte, un jour, parce qu’il était tard et qu’il n’y avait plus de métro, de dormir chez elle. Anne, quelle belle personne, l’amour que nous avons vécu n’a pas de mots pour s’exprimer. Tout d’abord parce qu’elle m’a révélée à moi-même, et puis parce qu’elle a été ma compagne, mon amie, mon amante, ma sœur, pendant tant d’années.


ou en puisant plus loin encore dans mon histoire :

Mon père avait 12-13 ans quand il a rencontré ma mère. Elle venait d’arriver de Varsovie avec ses parents, et si lui avait commencé à parler et à comprendre un peu le français, pour elle c’était plus difficile. Leur langue commune fut donc le yiddish dans un premier temps, puis ma mère se mit à apprendre aussi le français, et à 12 ans on apprend vite. Ils s’étaient rencontrés dans les camps scouts juifs socialistes qui appartenaient à une organisation qu’on appelait le « Bund ». Une organisation juive socialiste qui réunissait des juifs de tous les pays et dont le berceau avait été la Pologne, avant que les Juifs en soient chassés. Bref ils se sont rencontrés là, et, aux dires de ma mère (dont je ne mets pas la parole en question), ne se sont plus jamais quittés. Ma mère, ma tante, mon père, mon oncle (le futur mari de ma tante) faisaient tous partie de cette organisation. Qui finalement rassemblait en France et donnait un peu une famille à tous ces enfants juifs perdus dans un pays qui n’était pas le leur et dont ils parlaient à peine la langue. 


Qu'est ce qui fait qu'un jour une histoire racontée intéresse un plus grand public ? Qu'est ce qui fait qu'un jour une phrase comme celle ci trouve un écho parmi les lecteurs ?

"C'était quelque chose en dehors d'elle qu'elle ne savait pas nommer. Une énergie silencieuse qui l'aveuglait et régissait ses journées. Une fome de défonce aussi, de destruction.

Cela s'était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Sans qu'elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance, qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance."


Enfin ce n'est plus une phrase, mais ces mots du tout début du livre magnifique de Delphine de Vigan, "Jours sans faim", sont si forts.

Mais parfois, c'est aussi juste la façon dont on raconte une histoire qui compte, comme par exemple :

"Elle avait besoin de pleurer. Elle ne savait pas pourquoi. Elle avait trop de bonnes raisons. Celle-là ferait l'affaire. Elle chercha des yeux des yeux un torchon, s'en empara et l'appliqua en garrot sur la blessure. Je vais devenir fontaine, fontaine de larmes, fontaine de sang, fontaine de soupirs, je vais me laisser mourir." (Les yeux jaunes des crocodiles, Katherine Pancol)

ça fait de l'effet quand même ? ça donne même envie de connaître la suite, non ?

Et comme a dit Jean d'Ormesson :

"A cette époque là déjà, je me demandais quoi faire. et mon père se le demandait avec moi. Le passé me semblait aller de soi. L'avenir me faisait un peu peur"... et l'on sait quel grand écrivain il est devenu.

Et pour finir, juste un mot pour un écrivain qui a une place particulière dans mon coeur, Colette, dont j'ai lu tous les écrits, et suivi avec passion le déroulement de sa vie, pour mille raisons. Je n'en dirais pas plus, mais ceux et celles qui me connaissent le savent.

PS : une pensée pour Lou qui croit encore à l'écriture, à ses pouvoirs et à sa magie. Surtout qu'elle continue !

 

 

 

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Commentaires
R
Si vous préférez bloguer qu'écrire, vs êtes libre!<br /> <br /> <br /> <br /> Ah! oui, écrire, c'est dur, pénible, cruel, il faut raturer, rayer, recommencer, relire, mais il me semble bien que vous avez une plume...ALORS ECRIVEZ JUSQU'AU BOUT...Elle fut votre amante, votre soeur... c'est quoi "des mots qui n'existent pas pour dire l'amour ?" ECRIVEZ !
A
Oui je reste persuadée que tu devrais écrire! t'exprimer enfin et arrêter de te cacher dans ta tour d'ivoire et quand je dis écrire ce n'est pas bloguer sur un sujet ou un autre C'EST ÉCRIRE!<br /> <br /> Relève le chalenge ma Sosso, j'attend de pouvoir te lire avec impatience!...<br /> <br /> De quelqu'un qui doit lire au grand maximum quatre livres par an<br /> <br /> et qui les engloutis avec un vrai plaisir comme la seule cigarette de l'année !...................
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