Yiddish connection

De mon enfance, il reste tous ces mots de cette langue que je ne parle pas, que je ne comprends pas, et qu'au fil du temps j'ai fini par comprendre (quand même, mais en secret !), le yiddish (et toutes ces chansons aussi que ne me chantait pas ma maman). Drôle de langue en vérité, à mi-chemin entre l'allemand et l'hébreu, mais ni compréhensible des uns ni des autres. Il me reste l'image de ces gateaux au fromage blanc, au pavot, et puis on mangeait des choses incroyables, comme les galettes aux pommes de terre, les foies de volailles hachés aux oignons, la carpe farcie, tous ces plats qui n'existent que parce que nos parents et nos grands-parents leur redonnaient vie pour nous. Je me souviens de ces longues tablées ou nous nous réunissions pour déguster tous ces merveilleux plats. Mes grand-mères ne sont plus là, ma mère ne cuisine plus, et même si elle m'a transmis quelques recettes, nous sommes bien loin de ce temps là, et je n'ai plus personne avec qui les partager aujourd'hui.

Nous sommes des "juifs de France", loin de leurs traditions, assimilés, mais pas au point d'avoir renoncé à nos traditions culinaires, les seules qui probablement nous restent, nous juifs sans religion, dont le judaïsme ne s'exprime plus aujourd'hui qu'à travers la cuisine, la littérature, la musique, l'art. Bref à travers pas grand chose en fait. Enfin pas grand chose de religieux sans doute. Mais cela à déjà été sujet à discussion mille fois, est-on plus juif parce que l'on va régulièrement à la synagogue ? A celà je répondrai non bien sûr, je me sens tout aussi juive que les autres et si ma participation religieuse se limite (parfois) à une visite à la synagogue le jour de Kippour, celà n'enlève rien je l'espère à ma judeité qui, tout en restant laïque, n'en existe pas moins pour autant.

Si vous voulez la recette du foie de volaille haché, c'est facile, mais ce tout petit supplément d'âme saurons nous le trouver aussi ? prenez donc 500 g de foies de volaille, à faire rissoler doucement dans la poêle avec un peu d'huile (surtout pas de beurre !!!), ajouter 250 g d'oignons émincés, faites mijoter le tout.  une fois cuits hacher grossierement, puis ajouter 3 oeufs durs, sel, poivre. mélanger le tout. disposer sur un plat et ajouter 2 oeufs durs, le blanc d'un coté et le jaune de l'autre. voila c'est prêt, c'est bon, sauf si j'ai oublié quelque chose ? Bon je vous donnerai bientôt la recette de la carpe farcie, mais il faudrait déjà que je m'en souvienne !

J'ai appris le yiddish d'une drôle de façon : mes parents, quand ils ne voulaient pas que je comprenne ce qu'ils disent se parlaient en yiddish, mais c'est étonnant comme on apprend plus vite dans ces cas là et comme on arrive à comprendre une langue étrangère. bref me voici munie en secret d'une licence de yiddish dont je ne sais que faire et avec qui je ne peux converser.